Prendre un enfant par la main (et l'emmener très très loin)
Je trouve pas ça normal.
Qu'on laisse l'entrée libre à ces monstres hurlants.
On est chez le médecin, dans sa salle d'attente. C'est pas la fête à neuneu, quoi.
On a déjà fait un effort surhumain pour venir : il a fallu affronter la lumière, le bruit, les gens, l'odeur de la pollution, tous ces trucs qu'on adore le reste du temps (si, si) mais qui nous semblent pire que les plaies d'Egypte quand on est malade. On grelotte sous trois couches de laine 100% purs poils de yak et on se paie un mal de tête de classe internationale comme si un pivert avait élu domicile à l'intérieur de notre crâne.
Et là, comme si ça suffisait pas, comme si le Grand Ordre de l'Univers voulait nous punir pour un truc (oui, j'ai jeté une bouteille en verre avec mes déchets ordinaires, comment il sait ?), ils débarquent.
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Les enfants hurleurs.
La maman n'a pas encore ouvert la porte du cabinet qu'on les entend déjà brailler depuis le trottoir.
"Je veux pas voir le docteur, je veux pas voir le docteur..." Tu crois que la gamine pousserait son caprice jusqu'à refuser d'entrer dans le cabinet ? Non ! Juste devant toi qu'elle vient se planter en scandant, façon minimonomaniaque de 5 piges : "Je veux pas voir le docteur, je veux pas voir le docteur".
Son petit frère, tout juste en âge de marcher, repère illico le coin jeux et se lance comme défi personnel d'attraper un à un tous les jouets et de les laisser tomber par terre de toute leur masse. Chaque chute est une explosion nucléaire dans ton crâne. "Je veux pas voir le docteur", qu'elle continue, l'autre affreuse, alors que sa mère lui dit en lui caressant les cheveux, comme pour l'encourager à continuer à être insupportable : "Je sais mon lapin". Elle tente même de lui faire avaler qu'elles sont juste passées là par hasard, pour dire bonjour, parce que, oh, bah tiens, ça fait longtemps qu'on n'a pas eu des nouvelles du docteur.
Au bout du soixante-dix-huitième : "Je veux pas voir le docteur", déjà que t'en n'as pas des masses au naturel, tu as perdu toute once de compassion ou de compréhension et t'as juste envie de choper la gamine entre quatre yeux et de lui dire : "Tais-toi, ça changera rien mais au moins on aura la paix". Faute d'avoir assez d'énergie, tu te contentes de poser sur elle un regard plus noir que celui du pire méchant dans son dessin animé favori. Du coup, ça la calme direct. Être une sorcière, ça sauve vraiment la vie parfois.
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Moralité : si on faisait des médecins conventionnés "interdits aux moins de 10 ans", on éviterait tous ces désagréments, hein.